Pour la rude vie qui
l'attendait, le noble était préparé avant tout à être un guerrier.
Dès qu'il sortait de la première enfance, à partir de sept ans,
son éducation militaire commençait. Il s'agissait au plus tôt
d'apprendre à se tenir à cheval, à manier les armes, à devenir
par la pratiques des exercices physiques, comme le dit un poème
du Moyen Âge, " le plus ossu et le plus corsu ".
Cela comptait davantage
que la formation intellectuelle, réduite à quelques rudiments
de latin sous la direction d'un précepteur ecclésiastique. Puis,
à douze ans, l'enfant quittait d'ordinaire la demeure paternelle
pour aller vivre en qualité de damoiseau ou de valet
chez le suzerain ou quelque parent, l'aidant à s'habiller ou à
revêtir son équipement de bataille, le servant à table, veillant
à l'entretien de ses armes, s'occupant de ses chevaux, portant
ses messages.
Il devenait ensuite écuyer et complétait sa formation
en accompagnant son maître à la guerre. Cette vie durait jusqu'au
moment où il était capable de faire lui-même figure de guerrier,
vers dix-huit ou vingt ans ; il était alors armé chevalier
au cours d'une cérémonie solennelle, l'adoubement.
La cérémonie, fixée
d'ordinaire à la date d'une des principales fêtes religieuses,
avait lieu devant le château en présence d'un nombreux public.
Un seigneur choisi pour son haut rang ou sa parenté remettait
d'abord au jeune noble, l'une après l'autre, toutes les pièces
de l'armure : le haubert, vêtement fait de maille
de fer, recouvrant le haut du corps à partir des genoux, les bras,
le cou et le menton, ainsi que la partie postérieure de la tête
; puis le heaume, casque lacé au haubert et terminé
en pointe, qui se prolongeait en avant du nez par une bande de
fer, le nasal, protégeant ainsi la plus grande partie
du visage ; le long des jambes, les chausses de fer,
fixées avec des lacets de soie ; aux pieds, les éperons
d'argent ou de métal doré ; autour de la ceinture, l'épée,
dont la poignée avait la forme d'une croix. Il lui mettait ensuite
en mains l'écu, bouclier triangulaire de bois recouvert
de cuir et de fer, à la pointe dirigée vers le sol, et la lance,
à laquelle flottait une bannière, gonfanon, ornée
d'emblèmes et d'une devise.
Il faisait suivre la
remise des armes d'un geste symbolique qui avait pour but de graver
dans l'esprit du nouveau chevalier les enseignements reçus : c'était
la colée, à l'origine un soufflet, plus tard un
coup violent porté sur la nuque.
Le jeune homme montait alors à cheval sans se servir des étriers
et faisait plusieurs tours au galop.
La cérémonie se terminait par une épreuve destiné à faire briller
sa force physique ; l'exercice de la quintaine,
un poteau où l'on avait attaché un mannequin tout armé et sur
lequel il fallait se précipiter à toute vitesse, en essayant de
percer le mannequin de sa lance ou même de renverser le poteau.
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